dimanche 30 juin 2013

La compagnie des spectres

Après mon repas, le manche de mon couteau dépassait de mon sac, c'est peut-être pour ça qu'ils m'ont regardée bizarrement : moi, lisant tranquillement sur un banc, munie toutefois de ce qu'ils pouvaient imaginer être un poignard qui m'aurait servi à transpercer un corps  avant de le découper avec une dextérité de garçon boucher et sans m'ensanglanter, le corps d'un ennemi ou d'un ancien et vilain mari ou de la huitième maîtresse de mon amant ou un corps simplement innocent dont j'aurais rangé les tronçons sous le nom d'un autre, que plus personne ne vient pleurer.
Ils se sont dit ça ou peut-être rien, en passant devant moi, en me regardant bizarrement puis en s'éloignant en chuchotant à peine, en respectant le grand calme que j'étais venue trouver là, ce long silence des morts.

samedi 29 juin 2013

"Le bleu est devenu une couleur qui n'agresse plus personne"*

*Michel Pastoureau
 
Testcouleur : Le langage de vos couleurs
le Test couleur a été réalisé 6459636 fois, merci de votre confiance.
Les réponses à votre test ne sont pas pré-écrites.
Elles sont rédigées par un moteur basé sur les principes de l'intelligence artificielle.
Nos régles sont conformes aux topiques Freudienne et à la typologie de C.G. Jung.
Notre test est capable de générer plus de 50 millions de réponses différentes.
La prédictivité de notre test est mesurée pour chaque test par inférence Bayésienne.
Résultat de votre test :

Vos résultats présentent un produit de corrélation supérieur à 98 % avec notre modèle,
ce qui indiquerait que ces résultats présentent un excellent rendu de vos émotions et qualités du moment.

(De façon générale, un résultat peut être pris en compte si ce produit est supérieur à 30%.)


Votre Profil :
Votre couleur aujourd'hui :



Symbole de la créativité et du contact humain.


Pour vous décrire :
Vous êtes extravertie à 49 % et introvertie à 51 % .

Sans ordre d'importance, 3 qualités qui vous dessinent:

V
ous êtes dynamique, vous êtes déterminée dans vos actions et
vous avez de l'énergie.
Vous êtes également créative, vous savez voir le beau, vous êtes intuitive et votre inspiration vient de l'intérieur.
Enfin vous êtes intellectuelle et intelligente, vous vous interrogez et vous vous renseignez avant de poser vos actions et vos valeurs.

Le bleu est la couleur préférée de la majorité des Français : depuis 50 ans, toutes les enquêtes montrent qu’ils la placent en tête des couleurs qu’ils aiment. C’est le cas également dans d’autres pays d’Europe et dans les pays occidentaux comme les Etats-Unis et le Canada. Pourquoi le bleu est-il une couleur qui rassemble autant ? Les historiens et les sociologues ont tenté de répondre à cette question, sans vraiment y trouver de réponse. Ce qu’ils savent c’est que jusqu’au Moyen Âge, le bleu est une couleur peu appréciée. Ensuite les teinturiers trouvent une technique pour fixer cette couleur de manière satisfaisante sur les tissus, le bleu passe alors au 1er plan : sur les tableaux, il habille les nombreuses représentations de la vierge Marie et il devient même la couleur des rois. Si le bleu est tellement apprécié c’est qu’il est aussi une couleur apaisante, celle du ciel, de l’horizon. Le bleu permet la rêverie. C’est une couleur calme qui rassemble les gens : le bleu est devenu une couleur chargée de promouvoir la paix et l’entente entre les peuples (les grands organismes internationaux comme l’Unesco, l’Onu, ont un drapeau de couleur bleue). Le bleu est également la couleur de l’eau, (alors qu’au Moyen Âge elle était représentée en vert sur les mappemondes).

Demain : le blanc 

sociologues : des spécialistes qui étudient les comportements des personnes dans une société.


Votre palette aujourd'hui :

























Votre sentiment général :
Votre présent se caractérise par une période de gestion et de structure. Egalement une période de meilleure écoute des autres, mais peut être aussi de fermeté. Ils seront le moyen d'un nouveau départ.

Votre orientation :
Vous entrez dans période de recherche, ou bien d'enseignement, dans une période de compréhension des choses, et peut être d'introspection. Mais vous allez aussi montrer une certaine exigence.
Vous entrez dans une période de joie de vivre. Vous allez vous montrer capable de chaleur, et d'un grand sens de l'amitié. Vos actions vous donneront du bonheur, et votre plaisir de vivre sera en accord avec votre sens des valeurs et pourra accompagner une ouverture au monde créatif ou spirituel.

Votre point fort en ce moment :
Vous avez en ce moment plus encore que d'habitude un sens inné de l'organisation, une force de travail importante, ainsi qu'une tolérance et un sens des valeurs très construit.
Vous pouvez en ce moment vous appuyer sur votre capacité à structurer, vos capacités de gestionnaire et votre tolérence, mais également sur votre intelligence émotionnelle, votre transparence et votre capacité à soutenir et aider chacun.


Votre meilleure qualité aujourd'hui :
vos qualités de gestionnaire.

Vos capacités d'organisation semblent aujourd'hui faire partie des 15% les plus élevés.
Votre capacité à gérer et à prendre en compte le besoin des autres est en ce moment une caractéristique essentielle de votre comportement.

Votre seconde qualité aujourd'hui :
votre intelligence émotionnelle.

Votre capacité émotionnelle semble aujourd'hui supérieure à la moyenne.
Votre soutien aux autres n'est pas en ce moment prioritaire.
Par contre vous montrez une grande sensibilité et vous savez prendre en compte les émotions générées par vos actes.
Votre intelligence émotionnelle est en ce moment essentiellement soutenue par votre tolérance et votre capacité à intégrer et à prendre en compte les besoins de chacun.
Par contre, votre sensibilité et votre écoute de chacun pourrait être tempérée par une certaine rigueur exprimée envers vous même et les autres.


Une suggestion :
Dans votre emploi du temps, prenez le temps de réserver des moments pour la créativité purement intuitive, pour l'écoute et la mise en valeur de vos dons innés.
Si vous possédez une activité artistique, réservez des moments à sa pratique.
Ou alors simplement recherchez le beau dans votre environnement. 

 
Quelle est votre couleur préférée ?

Le violet
Le jaune
L'orange
Le vert
Le rouge
Le bleu
Le gris
Le noir

Votez à votre tour

vendredi 28 juin 2013

Le cabinet des rêves 129

Je vends des montres. 
J'aide un homme à en choisir une pour l'offrir à sa femme. Nous y passons du temps.
A la fin, il a l'air décidé mais, pourtant, il demande à réfléchir encore et emporte chez lui les modèles qui l'ont fait hésiter. 
Le lendemain, il revient et dit qu'il ne va pas prendre la montre choisie, finalement.
-Mais hier, vous aviez l'air convaincu ! 
-Le problème c'est qu'elle est bien trop chère ! 
A aucun moment la veille nous n'avions abordé la question du prix : j'en avais conclu qu'elle n'était pas importante pour lui. 

Rêve du 27 juin 2013

jeudi 27 juin 2013

Chroniques d'une chambre en ville

le matin dans la cuisine face au promontoire
je déjeune au soleil déjà levé
le soir j'y monte pour le voir
se coucher

mercredi 26 juin 2013

 page  61

Plutôt seront Rhône et Saône disjoints,
Que d'avec toi mon coeur se désassemble :
Plutôt seront l'un et l'autre mont joints,
Qu'avecques nous aucun discord s'assemble :
Plutôt verrons et toi et moi ensemble
Le Rhône aller contremont lentement,
Saône monter très violentement,
Que ce mien feu, tant soit peu, diminue,
Ni que ma foi décroisse aucunement.
Car ferme amour sans eux est plus que nue.
         Maurice Scève. Délie.
Je pouvais, au choix : 
conserver le livre 
et n'en relire qu'une unique page 
ou 
conserver la page 
et me défaire du livre.

mardi 25 juin 2013

Tuesday self portrait

Le désoeuvrement du flâneur est semblable à celui d'un lecteur ou d'un spectateur de théâtre ou de cinéma. Chacun d'eux se plie au rythme d'un mouvement qui n'est pas le sien. En oubliant son propre mouvement, donc son propre temps, le flâneur épouse le temps des choses. Au milieu d'un monde qui passe à des vitesses différentes, l'observateur contemplatif perd son temps, il n'a plus de temps à lui et éprouve l'absence de temporalité absolue. 
Le "passeur" est aussi celui en qui des traces se croisent : tissu de la ville, pierres, monuments, rues, images, choses vues et choses lues, plaques des rues ou livres, histoires racontées... Le promeneur lit plusieurs textes à la fois, tandis que chacun retentit sur l'autre.
Sylviane Agacinsky. Le passeur de temps.

lundi 24 juin 2013

Ma vie scandinave

A l'instant où je suis entrée dans les toilettes, la jeune femme blonde, penchée sur son bébé, lui changeait sa couche en fredonnant Happy birthday to you.
Plus tard, je l'ai vue dans le hall, embrasser à pleine bouche celui que j'ai imaginé être -car que sait-on des gens- le père de l'enfant.
Dehors, les canetons suivaient encore leur mère mais avec davantage d'indiscipline et de rébellion que la semaine précédente. 
Aucun d'entre eux ne semblait destiné à devenir cygne.

dimanche 23 juin 2013

La tyrannie du dimanche

Dis-moi mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d'habiter à Lisbonne ? Il doit faire chaud et tu t'y ragaillardiras comme un lézard. Cette ville est au bord de l'eau; on dit qu'elle est bâtie en marbre et que le peuple y a une telle haine du végétal qu'il arrache tous les arbres. Voilà un paysage selon ton goût; un paysage fait avec de la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir ! 
Charles Baudelaire
Même dans leur mollesse il y a de l'urgence : une vraie frénésie de la paresse. 
La nappe sur l'herbe du parc, la lessive suspendue à la fenêtre, la nonchalance étudiée en terrasse, le sport à la télévision ou le footing autour du bassin, la bière sur le balcon, la table dressée tôt, les courses de la semaine, le rituel de la glace après les balançoires, le gâteau au dessert.

Je laisse le dimanche à ceux qui l'attendent toute la semaine.

samedi 22 juin 2013

Futur antérieur

Le dédoublement peut devenir complexe lorsque le diariste raconte, par exemple, qu'il relit des pages de son journal : situation fréquente où s'affrontent cependant le moi qui écrit, le moi-au-présent-qui-lit, le moi-qui-a-écrit le journal et enfin le moi-qui-était l'objet de ce journal passé.
Delacroix se réjouit ainsi de pouvoir vivre double : "En conservant l'histoire de ce que j'éprouve, je vis double : le passé redeviendra à moi". A vrai dire, c'est un moyen de vivre non pas double mais quadruple si l'on considère qu'écrire est aussi une forme de vivre. 
Béatrice Didier. Le journal intime. 
La relecture de mes jours précédents qui me paraissent déjà si anciens me rappelle que ceux à venir finiront par passer.

vendredi 21 juin 2013

Le cabinet des rêves 128

Ce que les images du rêve fomentent probablement chaque nuit (mais que nous oublions), ce que nos tissus organiques produisent à l'interface du viscéral et de l'épidermique, tel le "filet" ou le voile du palais (mais que nous ne voyons pas), un tableau aurait charge d'en produire le percept. 
Georges Didi-Huberman. L'étoilement. Conversation avec Hantaï.
Pour l'anniversaire de G., je vais chez elle et lui apporte deux numéros de ELLE à table : deux anciens numéros sous emballage plastique promotionnel. 
Je sais lui en avoir déjà offert l'année dernière et, en plus, je ne trouve pas ça génial, comme cadeau. 

Rêve du 5 juin 2013

jeudi 20 juin 2013

Chroniques d'une chambre en ville

 quand le garçon du bout du couloir déménagea
les fourmis
qui aimaient ses pâtisseries
le suivirent comme le flutiste les rats

mercredi 19 juin 2013

Formatée

"Qu'on place deux photographies l'une à côté de l'autre et une histoire commence. Tout comme le roman, la photographie est essentiellement narrative."
Jorge Calado. Le Portugal en photographies.

Ce jour-là me vit sortir de chez moi, portant mon appareil photo à bout de bras comme un panier un jour de champignons (1), bien décidée à prendre d'autres photos que les miennes...


(1) en matière de cueillette de champignons, seules mes vacances wallonnes (2) m'en procurèrent une ou deux occasions car, en famille : nul pré humide dans le but d'une récolte, nulle promenade en sous-bois à raconter le lundi dans les rédactions mais j'ai la meilleure des raisons de ne pas regretter d'avoir, à la place, pratiqué la course d'orientation.
(2) ces vacances me permirent également de m'essayer à la pêche à la ligne (3) mais j'y renonçai définitivement après avoir envoyé involontairement ma canne au milieu du lac. (4)
(3) "Mais pourquoi tu aimes tant voyager ? Moi, ça m'a toujours suffi d'aller à la pêche." Danièle Sallenave. Adieu
(4) je me remémorai ma brève carrière en répondant d'un sourire au : Olà senhora doublé d'un clin d'oeil du pêcheur du bord du Tage.

mardi 18 juin 2013

Tuesday self portrait

Enoshima 5 septembre 2009-Lisbonne 12 juin 2013
Parce que la répétition, ici, c'est moi qui la fais. Est-ce que je reproche à Paul Bocuse de cuisiner trop salé ? Et quand le mécano a les doigts dans le moteur, tu le pousses pour y mettre les tiens ?
De toute façon, c'est pas compliqué, c'est comme quand on regarde un tableau impressionniste : de près, des petites taches; on se recule un peu, et hop là, c'est le moulin de la Galette.
Nathalie Quintane. Cavale

lundi 17 juin 2013

I've been looking so long at these pictures of you that I almost believe that they're real I've been living so long with my pictures of you that I almost believe that the pictures are all I can feel*

On croit souvent que les images "rappellent le passé" et font revenir le souvenir vivant d'un moment vécu ou d'une personne aimée. Mais la photo peut, à l'inverse, faire écran au souvenir. Proust évoque justement la déception éprouvée en regardant des "photographies d'un être devant lesquelles on se le rappelle moins bien qu'en se contentant de penser à lui".
L'image est en effet d'une autre nature que l'expérience vécue, même visuelle, et ne saurait la restituer. Le souvenir de quelqu'un, c'est l'impression vague d'une présence, d'une attitude, d'une "allure" : c'est la mémoire d'un style, non d'une image. C'est le souvenir de l'effet que l'autre me faisait -quelque chose d'indéfinissable : une relation entre lui et moi, le souvenir d'une joie ou d'une connivence. Rien d'objectif. Il y a en ce sens des traces secrètes, des traces d'émotion, indépendantes de toute image visible. Le souvenir ne doit alors à peu près rien à l'image. 
Sylviane Agacinski. Le passeur de temps
Peu après, tu as dit  
Arigatô 
et m'en souvenir me fait toujours autant rire.
*the Cure

dimanche 16 juin 2013

Rendez vite vos livres, d'autres lecteurs les attendent.
Ménagez-les. Ils sont votre bien commun. 
Ne brisez pas les reliures en pliant le livre à l'envers. 
N'écrivez rien sur les livres. 
Ne cornez pas les pages. 
Signalez les pages décollées. 
Prévenez de votre changement d'adresse.


Plus encore que pour n'importe quel autre livre,
ce sentiment de gratitude envers un éditeur 
quand on a l'impression qu'ils sont peu nombreux
les lecteurs du texte qu'on a entre les mains.

Jodoigne, 27 mars 1979
Dans son calendrier doit aussitôt s'imposer la notion de nuit -une semaine, un mois, une année de nuits. Sans le calendrier le flux du temps doit lui paraître incommensurable et faire obstacle à la claire séparation entre les figures qui reviennent en périodes (périls) réguliers au même point de voûte. Si, d'ordinaire, les mois commencent avec la nouvelle lune elle traverse des époques où elle n'a d'autre rêve que celui de connaître et tous les livres, limites et indices de la vie quotidienne lui paraissent de petits microcosmes juxtaposés ayant la même fin ou la même origine. C'est pourquoi est particulièrement importante l'organisation d'un calendrier qui apporte la stabilité alentour et protège la Maison qui, selon un sens abyssal, pourrait devenir l'univers, et disparaître.
Le plus constant : ne vouloir que regarder avec attention, et lire, passer des jours et des jours à interroger des livres, enfin faire parler avec le temps les moins muets, et atteindre une chose que l'on désire.
Maria Gabriela Llansol. Un faucon au poing. Journal 1. Gallimard

samedi 15 juin 2013

pendant que tu m'attends

Ordinairement, c'est l'usage du temps qui définit la disponibilité : mon temps est disponible (ou je suis disponible à tel moment) si je n'ai pas encore prévu l'usage de ce temps, si je peux encore l'utiliser pour telle ou telle occupation. C'est le temps lui-même qui me semble disponible pour mes actions, et non pas moi qui suis disponible pour le temps. Pour le flâneur, c'est l'inverse : il se rend étrangement disponible pour le temps parce qu'il a renoncé à l'utiliser. Une telle disponibilité n'est pas une simple attente ni une passivité. On ne doit pas seulement "faire passer le temps", il faut encore "l'inviter chez soi" (einladen). On doit "se charger du temps" (laden).
Mais que signifie "se charger du temps" s'il n'est rien, s'il n'est que la mesure relative d'un mouvement ? Ce pourrait être : accepter de n'avoir pas de temps à soi, de ne pas s'engager dans la temporalité d'une action -ainsi est-il possible d'accueillir l'événement, de s'ouvrir à ce qui passe, à ce qui se passe et laisser les choses à leur propre temporalité, à leur rythme particulier.
Sylviane Agacinski. Le passeur de temps.
Si je continue à porter ma montre, c'est que je la trouve jolie.

vendredi 14 juin 2013

Le cabinet des rêves 127

Ce que nous vivons, nous le mettons dans les rêves que nous faisons. J'ai dormi d'un seul trait, et j'ai eu un rêve : 
Je circule en tramway, à Lisbonne, et je reconnais peu à peu l'homme assis à côté de moi; mais sa présence me paraît morte, ou lointaine. Avec le temps, sans événements qui puissent être décrits, moi, l'homme et sa femme nous devenons amis. Je suis contente d'avoir vaincu ma répugnance à engager des relations et de jouir de cette compagnie. D'ailleurs, dans la maison de la rue Domingos Sequeira on a remarqué que je sors fréquemment.
Maria Gabriela Llansol. Un faucon au poing (Journal 1).
Je suis chargée de m'occuper des deux filles de G.
Je marche avec elles dans la rue. Je parle plus facilement à l'aînée. A la cadette, je demande son âge en sachant que ça fait plusieurs fois que je l'ai fait sans jamais le retenir. Elle a cinq ans et demi. 
Nous allons ensemble dans un jardin sur le thème de Nemo. Pas un parc d'attraction :  juste un jardin avec des oiseaux et des statues. 
Pour y aller, nous descendons par un autre jardin et je perds de vue les deux filles. 
Au retour, dans un bus, je n'ose m'enquérir de la cadette que je ne vois pas : je me doute qu'il y a un problème, que ce n'est pas normal qu'elle ne soit pas là mais je ne me souviens même pas comment elle s'appelle (Charline). 
Des hommes en cravate me font remarquer qu'il était totalement inconscient de laisser une petite fille de cet âge seule pendant une heure par un temps pareil. En fait, on me dit qu'elle est restée seule pendant huit minutes et quelques secondes dans le premier jardin traversé et que, du coup, elle a été gelée profondément. 

Rêve du 5 juin 2013

jeudi 13 juin 2013

Chroniques d'une chambre en ville

aussitôt il la baptisa ma Chambre de Princesse
j'y succombai à ses caresses
sous ses baisers
j'étais parfaitement éveillée

mercredi 12 juin 2013

BUFFET LIVRE 8,50€


A vivre en version française
je pense toujours à autre chose
en passant devant les restaurants. 

mardi 11 juin 2013

Tuesday self portrait

C'est cela être "mat" : offrir aux autres comme à soi-même un miroir sans tain pour ne pas être pris dans l'image. Tout ce qui est réfléchissant est, pour Roland Barthes, ennemi de la réflexion.
Il existe pour "décoller l'imaginaire de son miroir" des procédés réthoriques ou des formes génériques. Est bon tout ce qui distancie : les italiques, les guillemets, les citations, etc. 
Françoise Gaillard.

lundi 10 juin 2013

C'est une fille avec un garçon

Ils marchaient l'un à côté de l'autre, ayant suivi d'abord comme l'autre fois le bord du quai, avec, de nouveau, des hommes assis sur le mur et qui leur tournaient le dos; ils avaient été sous les platanes sans rien se dire. Et c'est comme ils sortaient de dessous les platanes alors il s'était seulement penché un peu, il avait passé son bras derrière son dos, à elle; il avait été chercher sur le côté d'elle, avec sa main gauche, sa main. Il avait pris la main de Suzanne dans la sienne, il tenait cette main, il ne lâchait plus cette main. 
C.-F. Ramuz. L'amour du monde
Notre préhistoire est dans mes albums. 
 Je te photographiais et 
déjà
tes yeux m'allaient droit au coeur.

Aussi, l'autre jour, en t'écoutant évoquer notre passé
(...) ce qu'on faisait tout le temps d'habitude : on partait main dans la main, on s'échappait un peu du monde, on s'allongeait dans un coin, on discutait (...)
, j'ai pensé que, malgré toutes ces années, nous n'avions pas tant changé.

dimanche 9 juin 2013

Les jours Charles Denner







pour monter l'escalier
      elle releva sa jupe
                           alors
                          je vis
une pluie d'étoiles sur sa cheville

samedi 8 juin 2013

La fonte des glaces

Les photographies reflètent davantage les sentiments de celui qui les prend, que ce qu'elles sont censées dévoiler. D'une certaine manière, chaque photographie est un autoportrait. Appuyer sur le bouton de l'appareil c'est laisser le monde photographier le photographe.
Jorge Calado. Dedans-dehors, le Portugal en photographies.
Déchue du royaume des neiges, je garde cependant mon port de reine, mon diadème, car j'ai encore quelques fonctions royales voire empiriques.
(toute une vie poétique)

vendredi 7 juin 2013

Le cabinet des rêves 126

"Je ne rêve pas, moi, d'habitude.""Tout le monde rêve, c'est que tu ne t'en souviens pas. Même les chiens rêvent.""Les chiens peut-être, mais pas moi. Puisque je te dis que je ne rêve pas, ce n'est pas toi qui vas m'apprendre tout de même." 
Danièle Sallenave. Adieu.
Ma soeur a loué une voiture par internet pour moi. Nous sommes dans la rue quand elle me dit qu'elle a reçu la confirmation, qu'il s'agit d'une (? elle me dit le nom d'une marque que je ne connais pas). 
Je dis que, puisque je vais à la gare, je passerai tout de même à la gare, vérifier qu'il s'agit bien d'un monospace parce que, la dernière fois, j'ai dû insister pour en avoir un. 

Rêve du 1er juin 2013



jeudi 6 juin 2013

Chroniques d'une chambre en ville

Je vais acheter le journal, pensa-t-il, et marquer de croix couleur groseille les chambres à louer, Luciano Cordeiro, Campo de Santana, Martim Morriz, Benfica, une chambre avec salle de bains privée à Pedrouços, une chambre de bonne à Alcantara, un appartement à prix modique dans l'Alfama, nous nous partagerons les gravures et les livres, je louerai une fourgonnette pour aller les chercher.
António Lobo Antunes. Explication des oiseaux.
 rentrant d'Italie le garçon 
s'est précipité sur le balcon 
et s'est exclamé 
Comme ça m'a manqué !

mercredi 5 juin 2013

after sunrise

Les ruelles que j'ai traversées dormaient encore, volets fermés, indifférentes aux belles promesses du jour.
Il n'y avait que quelques heures que nous l'avions quitté quand j'ai rejoint le Tage que la nuit avait lavé de la mélancolie du couchant. 
A nouveau, ma peau s'est parfumée d'embruns et le vent a chahuté mes boucles. 
J'ai laissé passer quelques convois maritimes avant de me lever. 
J'aurais -tout aussi bien- pu rester là toute la journée. 

mardi 4 juin 2013

Tuesday self portrait

La beauté du point de vue n'aurait laissé personne indifférent. Ils admirèrent le ciel, l'eau et la terre, tout d'abord sans mot dire. Devant eux s'ouvrait un espace vaste. Ils dominaient la ville et ses collines harmonieuses, ici et là de vieux arbres méditerranéens et des palmiers, et des façades claires d'églises, et partout des dizaines de milliers de toits. (...)
Et l'immensité gris-bleu du Tage, aussi grand que la mer infinie mais plus beau, car on en voyait l'autre rive. 
Antoine Volodine. Lisbonne dernière marge.

lundi 3 juin 2013

EN VI(LL)E

Je ne connais pas toujours leur nom
mais, sur les rues, je possède d'autres informations. 
La teinte émouvante d'une façade ou, sur un balcon, 
la musique du vent qui joue du carillon. 

dimanche 2 juin 2013

La reproduction

Il s'apprend tôt, ici, le geste circulaire dans la tasse, le tintement de la petite cuillère contre la faïence en guise de réveil matin. 
Pas plus alertes que leurs parents, les petits s'entraînent -version lait chaud- au rituel national quotidien.
"L'amertume, c'est l'intelligence du goût" Olivier Roellinger
Un café fort : attardons-nous un peu là-dessus. Le café est la boisson nationale des Portugais. Rien, par exemple, n'est plus attendrissant que d'entendre une vieille infirmière à la retraite parler de son café. Elle se souvient comment, au petit jour, à l'heure où les malades gémissent, accablés de douleur et résignés à une nouvelle journée de souffrance, elle trouvait dans sa tasse de café la sensualité d'un baiser, chaud, mélancolique et aimant.
 Agustina Bessa-Luís. Un chien qui rêve.

samedi 1 juin 2013

MODERN LOVE

Jadis, nos amours étaient jeunes et déjà manuscrites et nos lettres se croisaient plus souvent que nos lèvres.
Les temps modernes ont favorisé nos conversations
mais 
assez
parlé  
!!!

(embrassons-nous, maintenant)