lundi 16 septembre 2013

Majorquine

La première fois, j'ai répondu Un americano, por favor à la serveuse qui venait de poser un plat de paella sur la table voisine. 
La deuxième fois, Un americano ?, je n'eus qu'à lui rendre son sourire et acquiescer.
La troisième fois, personne ne sembla s'apercevoir de ma présence pendant plus de cinq minutes.  

Je les avais déjà remarquées lors de mes précédentes visites, les vieilles dames discutant non loin de moi. Servies bien après les touristes, ne manifestant jamais aucun signe d'impatience, accueillant la serveuse avec une aimable familiarité, elles savent attendre puis savourer leur pâtisserie dont elles trempent des bouchées dans leur tasse de café comme si elles étaient là depuis toujours, là pour toujours. 
Alors cette apparente indifférence fit de moi une habituée. 

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