lundi 4 novembre 2013

Je me souviens

Ce qui reste d'un voyage; ce en vue de quoi, à contre-prévoyance, le voyage avait lieu, frisant ses catastrophes, et qu'il aura perdu sur la route du retour, jusqu'au retour de ce qui ne fut pas refoulé mais perdu, dans aucun inconscient ni par aucun intérêt à la perte, et qui, revenant, sera donc, pour l'attente de rien, cadeau; ce qui reste d'un voyage est souvenir, mais de quoi, de la douceur de l'impasse, ou plus équivoquement du don que se faisaient l'un de l'autre l'impasse et la douceur, le bord et le rebroussement.
 Michel Deguy. Poèmes II 197-1980

Le souvenir que j'ai de ces mois d'avant l'île ressemble un peu à un film en 3D vu sans les lunettes adaptées, un film en version originale non sous-titrée. 

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