mercredi 8 janvier 2014

une table rase



Le récit (1) s'était clos sur une interrogation.
Et toi, Gwen, tu ne t'es jamais trahie ?
Comment pouvait-on m'en croire capable ? En croire quiconque capable même, car, quoi ? Ce n'était donc pas seulement dans les fictions qu'on pouvait bâtir sa vie entière sur un aussi mélodramatique chantage (3) ?


Plus tard je m'obstinai, je n'eus de cesse de dire
encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, encore, 
Nulle répétition générale, pas de bout d'essai, vivons vite s'il te plait, nous serons morts après. 
Mais c'était parler devant un puits sans fond, jeter en pluie des graines de rien sur une terre infertile. Dire en vain.

Encore maintenant, c'est effacer les traces, jeter les mots, les photos, raser le passé qui me fait me demander
Mais comment ai-je pu ? Et comment si longtemps ?
avec l'impression que jamais je ne saurai répondre.(4)


(1) Ne prenez jamais pour une faveur que l'on vous dise Tu es la première personne à qui je raconte cela et fuyez, fuyez plutôt car en plus d'être la première, vous serez assurément la dernière, le dépositaire testamentaire malgré vous, le sarcophage, le complice involontaire d'un secret qui jamais ne tombera dans d'autres oreilles que les vôtres par la bouche (2) qui vous le livra. 

(2) par la vôtre, si. Car on ne vous fit jurer en rien le silence. Répété par vous, cependant, le drame devint anecdote de salon, illustration de conversation. 

(3) pompiers, service d'urgence, tralala.

(4) mais avec la bienheureuse certitude que c'est moi, vraiment moi à qui on dit Je t'aime, maintenant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire