lundi 26 mai 2014

LIEU DE MéMOIRE

Si je m'assieds toujours à cette terrasse le dimanche, ce n'est pas parce qu'elle est sur le chemin du retour. Pas parce qu'elle est, à part égale, au soleil et à l'ombre. Pas non plus parce que le café y est moins cher qu'ailleurs. Pas davantage parce qu'elle a vue sur le marché et son animation. Encore moins parce que j'en apprécie le patron. 
Non, ce n'est pas... plus tard, je donnerai mes raisons. 

Souvent, ce sont les mêmes guitares flamenco qu'ils demandent à écouter avant de se décider à les acheter et pourtant, chaque semaine, ils sont différents ceux que je vois s'attarder au stand du marchand de musique. 
Souvent, c'est le même rituel : ils hésitent, discutent, se décident. Je les regarde s'éloigner, ranger dans leur sac le disque qui leur rappellera à jamais les quelques jours qu'ils ont passés sur l'île où je vis. 

Rêver des îles, avec angoisse ou joie peu importe, c'est rêver qu'on se sépare, qu'on est déjà séparé, loin des continents, qu'on est seul et perdu -ou bien c'est rêver qu'on repart à zéro, qu'on recrée, qu'on recommence. 

Gilles Deleuze. Causes et raisons des îles désertes in L'île déserte et autres textes. 

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