dimanche 27 juillet 2014

No words

Tu décrétas la fin du tumulte en débranchant le téléphone avant de me rejoindre au studio. 
Tu posas ta tête sur mes genoux puis, après quelques pages, tes lunettes, sur le sol. 
Tu fermas ton livre*, tu fermas les yeux.
Moi, je ne faisais que : te regarder dormir. 
A cet instant-là, toute notre vie était comme contenue dans ton souffle lent, régulier, toute notre vie était parfaite. 
*Elle s'appelle Sei Shonagon, passe pour la plus mauvaise langue de la Cour, et écrit pour tuer le temps les riens qui composent sa vie de suivante. Selon une mode chinoise, elle s'amuse à les répartir en "Choses qui font battre le coeur", "Choses plaisantes" ou "extrêmement contrariantes". Ainsi : C'est bien plaisant dans les froides nuits d'hiver d'être ensevelie avec son amant sous une montagne de courtepointes. Le simple son d'une cloche paraît alors si étrange : comme s'il sortait du fond d'un puits
Nicolas Bouvier. Chronique japonaise

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