mardi 9 juin 2015

Tuesday self portrait

Un petit tintement de cuiller et de porcelaine dans le couloir m'avertit qu'on va monter chez Marcel la tasse de tilleul qu'il boit à dix heures, et je serre tout à coup les mâchoires, prête à me lever, à balayer la lampe et la table, et Annie et Marcel, en criant : "Fichez-moi le camp ! J'ai besoin d'être seule et ne pas entendre vivre sottement à côté de moi !"
Mais ça ne se fait pas. Et puis leur effarement me demanderait "pourquoi ?" Toujours expliquer, toujours expliquer ! Les gens sont étonnants : ils n'oseraient pas vous demander des nouvelles de vos fonctions intimes, mais ils vous questionnent crûment sur les mobiles de vos actes, sans pudeur, ni retenue… 
Colette. La retraite sentimentale

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