mercredi 2 décembre 2015

O solitude

Il n'est pas capable de se concentrer. Le sujet qui le distrait est une théorie qui l'occupe depuis des années, qui fait partie de quelque chose de plus vaste qu'il appelle socio-physique théorique. Le rayon d'action, l'ensemble de preuves pour sa constatation ne dépasse pas 2 ou 3 pâtés de maisons autour de sa terrasse. Dans le quartier, il trouve tout ce dont il a besoin : comestibles,  conversations banales et vêtements de saison en tergal. Le but de sa théorie consiste à démontrer avec des termes mathématiques que la solitude est une propriété, un état, propre aux êtres humains supérieurs et pour cela, il s'appuie sur une évidence physique bien connue par les scientifiques : il existe seulement 2 classes de particules dans la nature, les fermions (électrons et protons, par exemple) et les bosons (fotons, gluons, gravitons, etc). Les fermions se caractérisent par le fait, amplement démontré, qu'ils ne peuvent être 2 ou plus dans un même état ou, ce qui est la même chose, qu'ils ne peuvent être ensemble. La vertu des bosons est justement le contraire : non seulement ils peuvent être plusieurs dans un même état et ensemble mais, en plus, ils cherchent cet entassement, ils en ont besoin. Ainsi, Marc prend comme réflexe et modèle  cette qualification pour postuler l'existence de personnes solitaires qui, comme les fermions, ne supportent la présence de personne. Ce sont les seules qui méritent le moindre respect. A côté, il y a les autres, ceux qui, comme les bosons, s'agglutinent dès qu'ils le peuvent en associations, groupes et autres entassements afin de masquer dans la masse leur médiocrité génétique. Ces derniers, Marc les méprise, c'est pourquoi il n'est pas étonnant qu'il ne lui importe pas comment tourne le monde, ni s'il y a de la pauvreté ou de la richesse, ni si le prix des fruits ou du poisson augmente ou baisse, ni les manifestations, les collectivité, les partis politiques, les religions ou les ONG. Evidemment, il a pour authentiques modèles de vie élevée, de vie essentiellement fermiona : Nietzsche, Wittgenstein, Unabomber, Cioran et surtout Henry J. Darger, cet homme qui ne sortit jamais de sa chambre à Chicago. De plus, Marc, comme tout fermion, a cessé depuis un moment de fréquenter des femmes et ses amis. Sa seule connexion stable avec le monde est internet. 
Traduction libre d'un extrait* de Nocilla experience de Agustín Fernández Mallo.

Si je me réjouis toujours de la désertion saisonnière de l'île, j'ai pourtant à déplorer de
soudain 
devoir exister. 
Le reste du temps
emportée par la foule 
je suis invisible. 
A présent
je souris aux voitures qui klaxonnent sans avoir le temps de voir qui les conduit.
 A présent
 on m'aborde
 on me parle
 on me voit
 et les klaxons me le disent : 
je t'ai vue, je te vois
Souvent
 j'aimerais venir d'arriver, n'avoir personne à saluer. 
Toujours
 j'aime être seule. 
*No es capaz de concentrarse. El asunto que lo distrae es una teoría que hace años que tiene en marcha, enmarcada en algo más amplio que él denomina socio-física teórica. El radio de acción, el banco de pruebas para su constatación, no pasa de 2 o 3 manzanas en torno a su azotea. En el barrio encuentra todo cuanto necesita : comestibles, conversaciones banales y ropa de temporada en tergal. La pretensión de su teoría consiste en demostrar con términos matemáticos que la soledad es una propiedad, un estado, connatural a los seres humanos superiores, y para ello se fundamenta en une evidencia física bien conocida por los científicos : sólo existen en la naturaleza 2 clases de partículas, los fermiones (electrones y protones, por ejemplo) y los bosones (fotones, gluones, gravitones, etcétera). Los fermiones se caracterizan por el hecho, ampliamente demostrado, de que no puede haber 2 o más en un mismo estado, o lo que es lo mismo, que no pueden estar juntos. La virtud de los bosones es justamente la contraria : no sólo pueden estar varios en un mismo estado y juntos, sino que buscan ese apiñamiento, lo necesitan. Así, Marc toma como reflejo y patrón esa calificación para postular la existencia de personas solitarias que, como los fermiones, no soportan la presencia de nadie. Son éstas las únicas que le merecen respeto alguno. Aparte, están los otras, las que como los bosones se arraciman en cuanto pueden bajo asociaciones, grupos y demás apiñamientos a fin de enmascarar en la masa su genética mediocridad. A estos últimos Marc los desprecia, por eso no es extraño que a él no le importe cómo marcha el mundo, ni si hay pobreza o riqueza, ni si sube o baja el precio de la fruta o el pescado, ni las manifestaciones, colectividades, partidos políticos, religiones u ONGs. Por supuesto, tiene por auténticos modelos de vida elevada, de vida esencialmente fermiónica, a Nietzsche, Wittgenstein, Unabomber, Cioran y sobre todo a Henry J. Darger, aquel hombre que jamás salió de su habitación de Chicago. Además, Marc, como todo fermión, hace tiempo que dejó de frecuentar mujeres y amigos. Su única conexión estable con el mundo es la red internauta.

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