lundi 29 février 2016

La carte et le territoire (fragments d'insularité)

L'idée de l'île m'intéresse beaucoup en général. Les insulaires du monde entier, nous qui sommes nés sur une île, nous avons une manière de comprendre le territoire très différente de celle des habitants du continent. Même si on vit de nombreuses années sur une île, ce n'est pas la même chose que de naître et grandir sur une île, avec l'idée que notre monde est ce monde limité. Les insulaires sont capables d'embrasser mentalement le territoire, c'est à dire, de créer une étrange correspondance entre la carte mentale et le territoire. Par conséquent, en allant sur le continent, n'importe quel insulaire ressent une sensation d'euphorie et de désarroi. Il se rend compte que son monde était un monde très concret et cela lui fait éprouver pas mal de nostalgie de cette sécurité. Physiquement, on est capable d'identifier la frontière et, dans le cas des îles plutôt petites comme Ibiza, Formentera et Minorque, on est aussi capable de penser l'île. Et moi, dans mes poèmes, je m'occupe de la penser."
Ben Clark, extrait* d'une interview dans le Diario de Ibiza.
Neuf mois exactement avant ma naissance, mes parents qui vivaient en Nouvelle Calédonie, étaient partis passer quelques jours sur l'île voisine : Ouvéa. 
Quand j'étais petite, nous habitions en Guadeloupe, nous partions en vacances sur les îles voisines : les Saintes. 
Maintenant, j'habite aux Baléares et, tous les printemps, je vais sur l'île voisine : Minorque
*
"la idea de la isla me interesa mucho en general. Los isleños de todo el mundo, los que hemos nacido en una isla, tenemos una forma de entender el territorio muy distinta a los habitantes del continente. Aunque uno haya vivido muchos años en una isla, no es lo mismo que nacer y crecer en una isla, con la idea de que tu mundo es ese mundo limitado. Los isleños son capaces de abarcar mentalmente el territorio, es decir, se crea una extraña correspondencia entre el mapa mental y el territorio. Por lo tanto, al salir al continente, cualquier isleño siente una sensación de euforia y de desamparo. Se da cuenta de que su mundo era un mundo muy concreto y eso le provoca bastante nostalgia de esa seguridad. Físicamente uno es capaz de identificar la frontera y, en el caso de las islas más bien pequeñas como Ibiza, Formentera y Menorca, uno es incluso capaz de pensar la isla. Y yo en mis poemas me dedico a pensarla."

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