samedi 16 avril 2016

Poème de table en version originale (sous-titrée)

A fréquenter les cafés sans parler français, 
j'écris de la poésie minuscule en version originale.

Poema de mesa

Hoy -tostadas con tomate, café- estoy en la pastelería de la calle Blanquerna
escribiendo una redacción -¿Qué sería un mundo sin internet?- para una clase de español 
donde no podré ir. 
Estar en un café a la hora del desayuno trabajando para una clase
me recuerda mucho mi vida en Tokio. 
También allí aprendía una lengua. 
Tres veces a la semana iba al café más cerca de la escuela
para hacer los deberes antes de la clase. 
Una taza de té caliente o un vaso con hielo -aún no bebía café-
sentada en la barra en frente de la calle
estudiaba intentando no mirar demasiado a
los peatones de la avenida de Takadanobaba. 
Allá, en esta epoca me llamaban グウエン さん*.
Diez minutos antes del empiezo, veía a la profesora por la ventana
pasando deprisa  y siempre me sonreía, agitando la mano. 
Ella pensaba -me lo había dicho-
que yo tuviese suerte
que estuviese libre -extranjera, viviendo 
en una gran ciudad sin sentir ningún miedo-
y ella tenía razón : lo estaba. 
Ella habría querido ser yo 
sin embargo
yo como todo el mundo
a veces habría querido no ser yo. 

*pronunciar "Gwen San"


Aujourd'hui -toasts à la tomate, café- je suis à la pâtisserie de la rue Blanquerna
écrivant une rédaction -que serait un monde sans internet ?- pour un cours d'espagnol
où je ne pourrai pas aller.
Être dans un café à l'heure du petit déjeuner, travaillant pour un cours
me rappelle beaucoup ma vie à Tokyo.
Là-bas aussi, j'apprenais une langue.
Trois fois par semaine, j'allais au café le plus proche de l'école
pour faire mes devoirs avant le cours.
Une tasse de thé chaud ou un verre, avec glaçons -je ne buvais pas encore de café-
assise au comptoir face à la rue
j'étudiais, essayant de ne pas trop regarder
les passants de l'avenue de Takadanobaba.
Là-bas, à cette époque, on m'appelait グウエン さん*.
Dix minutes avant le début, je voyais la prof, par la fenêtre,
passant rapidement et elle me souriait toujours, agitant la main.
Elle pensait -elle me l'avait dit-
que j'avais de la chance
que j'étais libre -étrangère vivant
dans une grande ville sans avoir peur-
et elle avait raison : je l'étais.
Elle aurait voulu être moi
cependant que
moi, comme tout le monde,
j'aurais voulu parfois ne pas être moi.

*Prononcer "Gwen San"

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