lundi 9 mai 2016

Le manque (fragments d'insularité)

-Tu as passé deux ans au Portugal. Maintenant, tu reviens à Palma. Enumère trois choses que tu as apprises des Lisboètes. 
-Le tact, la douceur, leurs formules de politesse -inexistantes ici- la discrétion, le savoir être silencieux, la prédisposition à donner un coup de main. On n'a pas besoin de crier pour convaincre. Comme si on avait mis une sourdine au pays. C'est surprenant mais, finalement, on l'apprécie. Ils sont plus capables d'analyse et patients, excepté au volant. En fait, à mon retour, j'ai accusé le coup. En Espagne, on monte le son jusqu'à un volume souvent insupportable. Je dois avouer qu'il m'a été très difficile d'abandonner Lisbonne. Ma relation avec les villes est très affective et avec Lisbonne, le degré d'affectivité est très élevé. Elle me manque, comme si j'avais abandonné une femme que je n'aurais jamais dû laisser. 
(Traduction libre d'un extrait de l'interview accordée par José Vidal Valicourt (Palma de Mallorca, 1969)  interrogé par la revue 40 putes à l'occasion de la parution de son livre Lisboa Song.)


Contrairement à Tokyo, à Bruxelles, à Lisbonne où j'ai eu à y répondre, la question du manque, ici, ne se pose pas. Ou, du moins : on ne me la pose pas. 
Contrairement à Tokyo, à Bruxelles, à Lisbonne où j'ai eu du mal à répondre, je sais ce qui me manque, ici. 
(le silence)

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